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Le volontourisme ou comment les agences de voyage monétisent la pauvreté

Chaque année le nombre de volontaires augmente, envie de voyager autrement? Terminé de parfaire son bronzage sur la plage! Aujourd’hui il existe une nouvelle tendance, on cherche à sortir de sentiers battus, vivre une expérience unique, enrichir son CV, tisser des liens avec les locaux, avoir une nouvelle photo de profil ou encore aider les africains! Les raisons de vouloir aider sont nombreuses et les accès à des missions de volontariat se multiplient.

Volontourisme?

Une nouvelle pratique a pris forme, le “volontourisme”. D’après wikipédia, “le volontourisme est une forme de tourisme alternatif consistant à proposer ses services à des populations défavorisées au cours d’un séjour touristique. Il s’apparente à des vacances utiles où le client peut vivre une simulation de séjour humanitaire”.

Un secteur qui est donc en pleine expansion. Alors que les agences de voyages se font une marge de 2 à 3 % sur des séjours ordinaires, on parle d’une marge de 30 à 40% pour les agences de volontourisme. Des envies de changer le monde? Pour un séjour de 2 semaines il faut compter entre 700 et 2000 euros sans les transports. Ces coûts qui peuvent paraître faibles par rapport à un séjour dans un complexe hôtelier sont en réalités beaucoup trop élevés. Il ne faut pas oublier que durant ces séjours les clients vivent dans des conditions sommaires “au plus proche des locaux” et dans des pays où le coût de la vie est relativement bon marché.

Cependant, l’agence se charge de TOUT , enfin presque. Tu seras nourri et logé, et tout sera prêt pour toi une fois sur place!

Les points positifs

Outre l’aspect personnel (je parle là de l’enrichissement personnel ou encore du développement d’ouverture d’esprit) il est aujourd’hui bien vu d’être ou d’avoir été engagé dans des séjours “de volontariat”. Que ce soit sur CV ou un critère de séduction, cela donne nous donne une autre image. Une image de quelqu’un d’engagé et impliqué au développement d’un monde meilleur. En plus de tout ça, tu vas rencontrer des gens fantastiques et tu vas voyager différemment!

 

ce compte instagram utilise une barbie pour se moquer implicitement du volontourisme

Les points négatifs

Aujourd’hui, de nombreuses ONG ont tirées la sonnette d’alarme, en effet, le nombre d’effets néfastes sur les populations locales est étonnant. Mais ce n’est certainement pas le seul point négatif du système.

L’argent

Dans la plupart des cas les agences de volontourisme ne collaborent pas avec des associations locales, la population des pays concernés ne touche donc pas grand chose sur la somme payée par le volontaire. Chez project abroad par exemple, les prix sont étonnements hauts (compte 2560$ pour deux semaines de volontariat au Ghana). Sachant que la vie est bien moins coûteuse sur place qu’en Europe, je me questionne vraiment sur le placement de la somme demandée.  

Le manque de transparence

Certaines agences de voyages se font passer pour des associations via des stratégies marketing, et les personnes qui s’investissent dans un de leur projet sont parfois convaincues d’être engagées dans une association, ONG, sans but lucratif (ou avec un but lucratif MOINDRE). 

Les conséquences sur le terrain

 Il n’y a en effet aucune prise en compte du contexte social, politique et culturel. Le fait de prendre les pays pauvres comme un parc d’attraction provoque une certaine dépendance des populations locales au volontourisme et ne favorise en aucun cas leur développement. Un des cas les plus critiqués est le volontourisme dans des orphelinats. Durant les dernières années on a pu observer une croissance des orphelins essentiellement dans les pays d’Asie. En effet, certains parents abandonnent leurs enfants dans ces orphelinats en espérant un meilleur avenir pour eux, alors que le fait de s’attacher sans cesse à de nouveaux volontaires et de se faire abandonner peut créer des troubles psychiques. Sans le savoir et en croyant bien faire, les volontaires participent à l’abandon de milliers d’enfants.

La communication : J’en ai déjà parlé dans le premier point, c’est le fait que bien souvent les agences ne collaborent pas (assez) avec les associations locales.  Elles créent alors leur propre projet où elles envoient leurs volontaires. Contrairement aux associations locales les agences de volontourisme connaissent pas/moins les besoins précis des pays concernés. On a déjà vu des sanitaires construits à Madagascar dont la population n’avait aucun usage. Ou encore des pompes à eau construites au Cambodge au milieu de nulle part, qui n’ont été d’aucune utilité.

Les volontaires

La dernière problématique liée à ce type de volontariat vient du côté des volontaires. On leur reproche trop souvent de penser à eux mêmes plutôt qu’aux autres et leur réelles motivations sont remises en question. Bien souvent, les volontaires n’ont aucune qualification et occupent parfois la place de travailleurs locaux. (évidemment, c’est bien plus intéressant! Pas besoin de les payer, ils payent pour travailler!)

« À partir du moment où le volontariat rencontre le tourisme et a un but lucratif, il ne peut y avoir que des dérives. Ils cherchent avant tout la rentabilité et le profit. Dans ce type de mission, il y a toujours une finalité et un moyen d’y parvenir et, avec le volontourisme, la finalité, c’est l’appât du gain. »

Témoignage de Cédric pour Mr. mondialisation

Pour appuyer tous ces points négatifs, j’ai choisi de vous parler du témoignage de Cédric qui a été publié il y’a un peu plus d’un mois par Mr. Mondialisation.

Cédric qui est actuellement en école d’ingénieur devait dans le cadre de ses études choisir entre un stage, un cursus ou un volontariat à l’étranger. C’est avec plein de bonnes intentions qu’il s’est alors dirigé vers Jeunesse et reconstruction, une plateforme qui permet aux jeunes de nouer contact avec un partenaire local pour effectuer un séjour volontaire (dans ce cas ci, 10 semaines en Asie).

Durant son séjour sur place il s’aperçoit que les 5 heures quotidiennes de travail dans le bâtiment prévues sont en fait 3 heures de peinture sur les murs d’une école, où d’après lui il n’y que couche sur couche de peinture. Il nous livre aussi ses questionnements sur le placement de son argent. Après plusieurs recherches, il s’est aperçu que le partenaire local était en fait présent dans plus de 30 pays partout dans le monde et que seulement 2% de son argent était utilisé pour le projet. Une des choses qui l’a le plus marqué était l’engouement des jeunes pour cette mission et le fait que ceux-ci ne furent pas au courant du manège dans lequel ils étaient embarqués.

Donc,

Tu auras compris que je suis contre ces principes car cela a bien plus de points négatifs que positif. Cependant si tu cherches une mission de volontourisme, ce qui est tout a fait compréhensible, il y a des agences qui font moins de dégâts que d’autres. Essaye de t’informer sur l’agence, sur là où ira ton argent, sur le projet en lui même, … Mais garde à l’esprit que payer 2000 euros pour deux semaines de volontariat en Inde où le coût de la vie est très bas, reste quelque chose de malhonnête. Il existe des associations de volontourisme où tu paieras moins cher et qui te permettent de vivre des missions plus « éthiques », il te suffit juste de te renseigner! Et garde à l’esprit que la pauvreté n’est pas Disneyland, que partir en mission de volontariat n’est pas aussi simple que ça, et que parfois il vaut mieux partir SEUL à la rencontre des populations locales que via une agence. Tu peux aussi t’investir dans ton propre pays ou consommer différemment si tu cherches à améliorer le monde. (manger équitable pour aider les populations qui sont dans le besoin ou éviter toute forme de surconsommation pour lutter contre le réchauffement climatique par exemple).

En conclusion,

 Le fait que des milliers de personnes veulent changer le monde est très positif, cependant il faudrait trouver d’autres manières de s’impliquer (ex: plus localement). Chaque année, ces entreprises se font plus de 2 milliards de dollars sur le dos des volontaires. On peut aussi constater que les entreprises de volontourisme entretiennent la misère et n’ont pas pour intention d’aider les populations dans le besoin car, en les aidant, elles n’auraient plus de produits à vendre.

 

SOURCES :

http://www.servicevolontaire.be/index.php?menu_selected=46&sub_menu_selected=199&language=FR

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